BRASSERIE VENTOPP : des bières, des saveurs et des médailles
Brassées au pied du Ventoux à Villes-sur-Auzon, les bières de style d’Antoine et Virginie jouent sur la finesse des arômes sans jamais négliger le plaisir. Avec un souci permanent : la protection de l’environnement
Lui, c’est Antoine, ex militaire aujourd’hui vaillant et jeune retraité plein d’idées ; elle, c’est Virginie, qui a travaillé pendant 20 ans dans le milieu viticole. Les deux réunis, c’est la totalité de l’équipe de la brasserie Ventopp à Villes-sur-Auzon (84) créée en 2018, au sein de laquelle ils se sont tout naturellement partagé les tâches en fonction de leurs expériences antérieures finalement très complémentaires.
L’officier supérieur des télécommunications de l’armée de l’air - en poste pendant 8 ans dans la station météo au sommet du Ventoux - a ainsi pris en main la partie technique : le brassage, les aspects de maintenance et de suivi ; l’ex assistante commerciale s’occupe elle plus particulièrement de la partie administrative, des douanes, de la logistique, du commercial et du marketing. Et ils se retrouvent régulièrement autour de sujets communs pour faire avancer leur affaire.
« C’est vrai que tout est scindé et que nous sommes vraiment très fluides dans notre activité : chacun sait ce qu’il doit faire en étant autonome dans son périmètre tout en sachant ce que l’autre fait ».
UN PROJET BIEN FICELÉ
Avec le retour des brasseries artisanales qui avaient progressivement disparu – mouvement amorcé au début des années 2000 aux Etats Unis puis dans les années 2010 en France – Antoine a commencé à songer à sa reconversion dans le monde brassicole. Le déclic ? Un reportage à Télé Matin sur ce mouvement de redécouverte de la bière avec une nouvelle consommation, des produits plus sains et de nouvelles saveurs… « Mes gênes nordistes ont été réveillés par ce reportage et je me suis dit : tiens, c’est intéressant ».
A tel point qu’en 2018, il décide de se lancer. En s’initiant au métier de brasseur. Dans un premier temps chez Olivier Nizon, un des précurseurs des microbrasseries installé à Chaumont en Vexin dans l’Oise; puis en suivant un cursus à l’Institut français des boissons, de la brasserie et de la malterie à Nancy, un pôle de référence en la matière. Quant à Virginie, une fois raccrochée au projet, elle a pour sa part intégré la première session en janvier 2020 de la formation de l’IUT d’Avignon pour obtenir son DU de technicienne brassicole
« Puis, il nous a fallu réfléchir en partant d’une feuille blanche ». Antoine avait quelques ressources financières qui lui ont permis d’aborder la construction de la brasserie sereinement ; mais restait en suspens la question de comment sortir un salaire pour Virginie, lui, retraité de l'armée de l'air, pouvant prendre son poste en tant que quasi bénévole…
« De base, pour sortir un salaire, il est convenu qu'il faut produire annuellement 350 hectolitres de bière. Et quand vous savez que vous devez faire 350 hl de bière, vous dimensionnez votre outil de travail en fonction de ce critère ». Qu’il faut implanter dans un local bien dimensionné pour une brasserie avec de bonnes évacuations, du froid, du chaud, un système électrique performant… « C'est quelque chose de très compliqué et finalement plutôt cher ».
Tous deux décident alors de construire un bâtiment neuf sur un terrain mis à disposition par la commune de Villes-sur-Auzon. « Pour réaliser un tel chantier, il faut beaucoup de volonté, c'est 3 ans de travail acharné quasiment 7 jours sur 7, 10 à 12h par jour, avec énormément d'intensité émotive ». Du sol au plafond, Antoine et Virginie ont ainsi (presque) tout réalisé : l'électricité, la plomberie, les évacuations, le bar... « Si vous n'êtes pas bricoleur, si vous n'êtes pas un peu ingénieur, vous ne vous en sortez pas. Brasseur, c'est un métier multidisciplinaire très exigeant ».
DES BIÈRES ARTISANALES DE STYLE
La production de la première bière ? En août 2021. Pour un début de vente en février 2022. Et cette toute première bière a connu un succès jamais démenti depuis. « Nous sommes partis avec deux références, deux saveurs, et nous avons doublé cette année pour avoir quatre saveurs bien marquées. Nous allons continuer sur cette lancée, l'hiver étant propice à de nouvelles recettes ». Ventopp produit actuellement 350 à 400 hectolitres par an, sachant que sa zone de chalandise, c’est essentiellement le Vaucluse, une brasserie artisanale ayant plutôt vocation à faire du circuit court.
Et pour avoir une identité propre, qui donne l'idée d'un produit que l'on déguste, les deux néo brasseurs ont fait le choix d’une bouteille particulière qui colle à l’image de bières artisanales de style qu’ils veulent imposer, par opposition aux bières industrielles.
Mais avec ce format de bouteille, les voilà sur un produit complexe en termes de cartonnage ou d'étiquetage, qui a nécessité un reparamétrage de la machine à embouteiller. Sans oublier les médailles (collées à la main sur les bouteilles !) remportées dans les nombreux concours auxquels ils participent, dont celui d’Avignon !
Que ses bières soient reconnues par des jurys indépendants, parfois même à l'international, c’est un véritable soulagement pour l’ex militaire devenu brasseur. « Ça m’évite d'avoir le syndrome de l'imposteur, se félicite Antoine. Car même s’il y a les tests en laboratoire qui vont vous dire si votre bière à tous les critères souhaités, les rapports de dégustation des jurys sont très importants. En tout cas, moi, ça me permet de travailler plus sereinement et si ça rassure le client c'est encore mieux ».
Brasserie Ventopp
ZAE des Fontaynes
84570 VILLES-SUR-AUZON (France)
Tel. : 09 83 35 56 80 • contact@ventopp.fr
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L’AIGLE ROYAL ET L’IDENTITÉ VENTOUX
Pour Alain et Virginie, s’engager dans une démarche RSE (responsabilité sociétale et environnementale) s’imposait dès le départ, simplement pour être en phase avec leurs propres valeurs. Le binôme a donc adopté des pratiques vertueuses comme le font beaucoup de brasseurs : les drèches (enveloppes des céréales) vont ainsi aller nourrir les animaux d’éleveurs de la région ou servir à confectionner des pains grâce à un partenariat avec la Boulangerie Sucre et Farine à Mormoiron. Au niveau de la récupération des eaux, les effluents sont filtrés et neutralisés ; concernant les économies d’énergie, le bâtiment est parfaitement isolé et l’installation du photovoltaïque est programmée… tout comme le recyclage des bouteilles qui aujourd’hui partent toutes au container.
Pour visualiser cet engagement environnemental, Alain et Virginie ont choisi comme logo l’aigle royal présent dans le Ventoux et la Nesque : « Nous voulions avoir une identité très marquée par un animal totem, quelque chose de percutant, un regard, une personnalité. Et le rapace a ce regard et cette personnalité. Et il fait partie de l’environnement de notre terroir ».